XAVIER BERTRAND REPART EN CROISADE

JOUR APRÈS JOUR DU LUNDI 8 DÉCEMBRE 2008

Travail dominical
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Afin de défendre la proposition de loi Mallié, le «ministre du Travail… du dimanche» s’est rendu de nouveau dans un magasin en infraction avec la législation en vigueur. Il a toujours autant de mal à convaincre de la nécessité de changer la loi.

Xavier Bertrand n’aura jamais aussi bien porté le titre de «ministre du Travail…du dimanche», dont l’a affublé Jean-Claude Mailly (FO). M. Bertrand est reparti hier en croisade pour imposer le travail dominical. Histoire de faire une énième fois la «pédagogie» de la proposition de loi du député UMP Richard Mallié, qui ne passe ni dans l’opinion, ni dans les rangs de sa propre majorité parlementaire. Il devait commencer à être examiné jeudi l'Assemblée nationale mais le débat a toutes les chances d'être reporté d'une semaine, voire jusqu'au début de 2009.

Accompagné de Luc Chatel, secrétaire d’Etat à la Consommation et à l’Industrie, M. Bertrand s’est rendu dimanche pour la deuxième fois en trois semaines dans un centre commercial refusant de se plier à la réglementation en vigueur sur le repos dominical (voir notre article du 19 novembre 2008). Cette fois, c’est la librairie le Grand cercle a Eragny-sur-Oise (Val d’Oise) qui a eu les honneurs des deux ministres. Lesquels ont été accueillis comme il se doit par une flopée de militants syndicalistes de FO et de la CFTC, en pointe contre la modification de la législation actuelle voulue par le gouvernement.

«Vous venez soutenir des délinquants du travail», a lancé à leur arrivée Eric Scherrer, secrétaire général CFTC chargé du commerce. Piqué au vif M. Bertrand a voulu voir là une insulte à l’égard des employés de la librairie, avant d’assurer qu’il était simplement venu parler avec les salariés. «Vous refusez de débattre avec nous. Nous n'avons pas été invités», a lancé de son côté Vincent Lecourt, avocat de FO, qui a fait condamner le «Grand cercle» en justice pour non respect de la réglementation. Et ce même si l’enseigne en question met en avant le fait que 95% de ses 160 employés se sont prononcés pour l'ouverture le dimanche après une consultation interne. Dans un arrêt du 12 novembre, la Cour d'appel de Versailles a confirmé en effet que, selon la loi en vigueur, la librairie le Grand cercle ne pouvait pas ouvrir le dimanche.

Au delà des comportements illégaux que le gouvernement veut récompenser, FO a rappelé que «parmi les salariés qui ne sont pas hostiles au travail le dimanche, on trouve les plus misérables, ceux qui sont près à accepter la précarité comme remède à leur situation, a fortiori en période de crise (chantage au chômage, pouvoir d’achat en berne...). L’ouverture dominicale est à ce prix». D’ailleurs, certains salariés du «Grand cercle» l’ont bien souligné aux deux ministres, à l’instar de cette vendeuse : «personnellement, je ne suis pas forcément pour travailler le dimanche. Je pense que si les employés le font, c'est pour augmenter leur pouvoir d'achat». En fait, le gouvernement sait très bien que son texte même remanié aura du mal à rallier l’opinion et même les suffrages de certains députés de sa majorité, dont au moins une soixantaine d’entre eux la combattent avec force, tel Yves Bur, qualifiant ce texte de «régression sociale».

D’où cette nouvelle opération de com’ (de la dernière chance?) qui a commencé hier au micro d’Europe 1, avant de s’étaler sur les écrans de télévision. Selon M. Bertrand, la future loi mettra «des bornes» au travail dominical, en limitant son extension à «des zones touristiques et dans quatre grandes zones d'attractivité commerciale (Paris, Lyon, Lille et Marseille)» et en «payant double» les salariés volontaire.

«Les grandes surfaces alimentaires n'ouvriront pas dans le cadre de ces nouvelles dérogations» pour ne pas nuire aux petits commerces, a-t-il déclaré et comme «le dimanche n'est pas un jour comme les autres, le repos dominical est un principe qui va être réaffirmé» dans la loi. Le salarié aura un «droit de refus» de travailler le dimanche et refuser d'embaucher quelqu'un pour ce motif sera «sanctionné», car il s'agirait d'«une discrimination», a assuré encore M. Bertrand. Pour lui, ce n’est plus qu’un texte «technique» et «vraiment bien équilibré» qui vise à «clarifier» les situations existantes et non à les «généraliser». Dès lors, il a estimé avoir «apporté les clarifications nécessaires», sans s’étendre sur le niveau de rétribution des salariés. Et pour cause, la proposition de loi, qui ne concernerait pas les salariés travaillant déjà le dimanche, prévoit une rémunération «au moins double» dans certains cas tout en permettant qu'un accord d’entreprise en décide autrement (contreparties inférieures ou supérieures en terme de repos ou de salaire).

Pas de quoi donc désarmer l’opposition à la l’extension du travail dominical qui traverse toute la société. Porté par les syndicats, voire par une partie du patronat des petites entreprises (CGPME, UPA), l’opinion publique commence à comprendre… Le dernier sondage Ipsos publié lundi dernier, montre qu’une très large majorité de Français (84%) se disent désormais attachés au repos dominical et 63% ne croient pas au volontariat promis.


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